Revue des niches fiscales supprimées :
1) Ce qui est prévu pour les ménages
Hauts revenus. La contribution concernera 25 000 personnes. Soit un public 3,5 fois plus nombreux que celui initialement prévu mais seulement 5 % des 500 000 Français adultes les plus riches. Conformément à l’accord trouvé lundi 10 octobre à Matignon, le seuil d’imposition a été abaissé à 250 000 euros pour un célibataire et 500 000 euros pour un couple. Dans ce cas, le taux de la contribution est de 3 %. Il passe à 4 % lorsqu’il s’applique à des célibataires et à des couples disposant respectivement de plus de 500 000 euros et de plus d’1 million d’euros. A la demande insistante du rapporteur général, Gilles Carrez (qui a dû convaincre l’Elysée fin juillet), l’assiette de la nouvelle taxe correspond au revenu fiscal de référence (RFR) qui intègre l’ensemble des revenus (du travail et du capital). Dans sa version amendée, que l’exécutif a acceptée pour éviter des surenchères de la majorité sur la création d’une tranche marginale de l’impôt sur le revenu à 45 ou 46 % , la nouvelle taxe rapportera 410 millions d'euros au lieu des 200 millions initialement prévus.
Aménagement du régime des plus-values immobilières
Le nouveau régime des plus-values immobilières a été aménagé. Il permet d'étendre l'exonération de la plus-value en cas de vente de la résidence principale à un autre cas : la première cession d'un logement lorsque le cédant n'est pas propriétaire de sa résidence principale. Ce dispositif, qui entrera en vigueur à compter du 1er février 2012, vise notamment à permettre aux jeunes couples, en particulier en région parisienne, de vendre, sans être trop pénalisés, un premier bien qui n’est pas leur résidence principale.
Une autre modification découle du même amendement : celle du calcul de l'assiette du droit d'enregistrement - au taux de 5 % - applicable lors de la cession des participations dans des sociétés ou des personnes morales à prépondérance immobilière. Le but : éviter des comportements d'optimisation fiscale. Le surplus de recettes qui est attendu de cette mesure permet de compenser le coût de la première disposition, concernant les personnes qui ne sont pas propriétaires de leur résidence principale. Ce coût est estimé à 150 millions d'euros.
Suppression d'une niche sur les chevaux de course ou de sport
La commission des finances a adopté les amendements de la députée UMP Chantal Brunel et des socialistes : ces textes ont été surnommés "anti-Morin" ou "anti-Bayrou", du nom des deux dirigeants centristes amateurs d'équitation. Ces amendements suppriment l'abattement supplémentaire de 15 % par année de détention applicable aux plus-values sur les ventes de chevaux de course ou de sport. Lequel coûtait 2 millions d'euros par an aux finances de l'Etat.
Suppression de la niche sur les sociétés d'investissements immobiliers cotées
La commission des finances a adopté l'amendement présenté par son président, le socialiste Jérôme Cahuzac, et sous-amendé par M. Carrez. Il supprime l’abattement de 40 % sur les dividendes issus des bénéfices distribués par les sociétés d’investissements immobiliers cotées, lesquelles ne paient pas l'impôt sur les sociétés sur les bénéfices distribués. Ces titres immobiliers ne pourront plus être logés dans un plan d'épargne en actions (PEA).
2) Ce qui est prévu pour les entreprises
CO2. Annulation de la taxe sur les nouveaux entrants. L'article 5 du projet de loi de finances instituant une taxe de 220 millions d'euros permettant d'acheter de nouveaux quotas de C02 sur le marché européen a été rejeté. Les droits d'émission de dioxyde de carbone sont en effet épuisés et l'Etat souhaite en racheter mais en faisant peser le coût sur les entreprises qui auraient bénéficié in fine de ces quotas. Il a renoncé mais la question doit être réexaminée en séance.
Boissons sucrées : la taxe est étendue aux sodas "light"
Il est prévu d'étendre la taxe sur les boissons contenant des sucres ajoutés aux boissons contenant des édulcorants comme les sodas light. Le produit de la taxe passe de 120 à 240 millions d'euros. Les 120 millions d'euros supplémentaires permettraient de financer une partie de l'exonération des charges des agriculteurs sur l'emploi salarié permanent (le reste provenant de l'atténuation du bénéfice du régime fiscal du fioul domestique utilisé comme carburant diesel à usage professionnel).
Encadrement du rattachement au résultat imposable français pour les grands groupes. Cet amendement vise à lutter contre les comportements d'optimisation fiscale de certains grands groupes qui rattachent artificiellement à leur résultat imposable en France, pour le minorer, des charges afférentes à des participations qui ne sont pas contrôlées depuis la France. Il propose d'interdire la déductibilité des intérêts d'emprunt lorsque les titres ne sont pas gérés effectivement depuis la France.
Brevets. Dans le souci de limiter les abus, les députés proposent d'imposer à 15 % la valeur créée par l'opération de "sous-concession", celle effectuée par les entreprises qui font l'intermédiaire entre le propriétaire d'un brevet et celui qui l'exploite au bout du compte.